Témoignages de patients TSA/TDAH/Troubles Dys et/ou SED: les pires phrases qu’on leur a dites.

Dans cet article un peu inhabituel, j’ai voulu mettre en lumière la violence verbale subie, parfois depuis l’enfance, par les patients TSA/TDAH/Troubles Dys et/ou ayant un SED. Je me suis permise de tout anonymiser et d’y ajouter mes propres témoignages, dans les trois catégories.

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1- Catégorie TSA/TDAH

* Au CRA, on m’a dit que j’étais trop intelligente pour être autiste (alors que je suis déjà diagnostiquée) mais aussi que je n’étais pas vraiment malade car je faisais l’effort de travailler (je suis prof), contrairement à une institutrice qu’ils connaissaient bien.*

«Non mais tu es trop bizarre pour être une amie, mais tu m’es utile en classe par contre.»

«Vu que c’est toi la fille bizarre, on va te faire un maquillage super moche. Et nous on sera belle comme ça. T’as rien à dire hein de toute façon?»

* «On s’en moque de préserver tes routines/habitudes, ce n’est absolument pas important, ce n’est pas un critère!» J’ai pensé expliquer à la personne l’importance des routines/habitudes chez les TSA et à lui parler du compte rendu de la neuropsy à ce propos, puis je me suis ravisée. Ça ne la regarde pas et surtout je n’avais pas envie de nouer le dialogue. *

* Le fait de ne jamais être invitée nulle part et être systématiquement laissée à l’écart que ce soit à l’école ou au travail, malgré mes efforts. Un jour, j’ai arrêté d’essayer, j’en avais assez.*

* Quand je sens la surcharge sensorielle proche voire une crise autistique arriver, pour peu que j’ai déjà une migraine en plus, j’ai toujours eu tendance à d’un coup beaucoup moins parler pour compenser et parvenir à gérer au mieux la situation si je ne peux pas partir de l’endroit. C’est dans ce genre de cas que si j’ai besoin de quelque chose (comme un plat), je tends juste les bras pour l’attraper en agitant les mains, on me le donne et je réponds doucement merci. Je n’ai JAMAIS eu de problème. Récemment à un repas long et bruyant on m’a dit de façon très aimable «ah ben tu pourrais utiliser un peu ta langue non ?!». Évidemment, je n’étais pas en état de répliquer et ça m’a renfermé encore plus. J’ai tellement été ailleurs après que je ne me souviens plus de la suite du repas.*

* Un jour, j’ai surpris une conversation à charge contre moi entre certains de mes « amis » et l’une d’entre elles a dit texto que je me « cachais derrière le TDAH pour justifier tout et n’importe quoi ». Cela alors que pendant des années, je ne parlais même pas du TDAH à mes amis et j’esquivais toujours les explications, parce que j’avais trop peur des retours négatifs et qu’on me prenne juste pour une « pleureuse » par incompréhension. (Les fameux « Ce n’est pas un réel problème, tu pourrais juste faire un effort pour te concentrer ».) J’ai commencé à en parler à la fac parce que je suis arrivé dans un univers bienveillant et qui s’y intéressait, alors je me suis enfin en confiance pour l’expliquer. Mais ce jour là, j’ai vraiment pris cette remarque comme une gifle et franchement, même si j’ai eu l’occasion de discuter de ça avec cette personne plus tard, j’ai toujours une boule dans la gorge quand j’en parle. Ça peut sans doute sembler anodin, mais ce jour là j’ai ressenti un sentiment d’injustice terrible, en entendant ces gens à qui j’avais fais assez confiance pour enfin échanger à propos de mon TDAH utiliser finalement ça à charge contre moi.*

2-Troubles Dys

*On a déjà remis en cause ma dysphasie parce que je m’exprime bien, en niant les années d’orthophonie et les sacrifices qu’a fait ma mère pour me permettre d’être «comme les autres » *

*Les profs me disaient que j’étais stupide ou que je faisais exprès de ne pas y arriver en géométrie dans l’espace. Ou de me perdre en course d’orientation.*

*J’écris un mail au retour d’une formation qui a été assez épouvante disant que tout s’est bien passé. J’ai eu le droit à un « bon la prochaine fois ça sera une formation dictée». Tout le monde est au courant de mon trouble Dys.*

«Ah oui mais Dys c’est l’excuse des faignants qui ne savent pas écrire.»

*Je suis dysorthographique et dyslexique. On me dit souvent que sans mes parents je n’aurais jamais réussi ma scolarité (en mode c’est eux qui ont tout fait, moi je devais juste faire acte de présence en cours), une fois un de mes professeur de français suite à mon instance sur le faite de prendre en compte mes difficultés m’as dit devant toute ma classe «de toute façon tous ce qui est dys-machin-chose à était inventé par les médecins pour faire chier les profs» il as aussi dit à ma mère que je parlais en cours alors qu’il faisait exprès de faire tout ses cours à l’oral pour que je soit contraint de demander à ma voisine ses notes, ma mère me dit souvent que j’exagère et que si je faisais plus d’efforts j’arriverai à lire normalement et ne plus faire de fautes d’orthographe.*

3- Catégorie SED

« À ta place je me serais suicidé depuis longtemps »

«Arrête d’être malade, tu gênes la classe et moi. Et en plus je suis sûre que tu le fais exprès.»

«Tu ne peux pas être plus malade qu’une personne âgée.»

*Pendant une période je ne grossissais pas du tout à cause de la maladie. On m’a dit «non mais tu as de la chance d’être malade et donc mince, tu ne peux pas comprendre.» *

Merci à tous les participants et participantes pour leur temps et pour avoir accepté de témoigner.

Exemple de parcours diagnostic (via l’hôpital): TDAH, TSA et dyspraxie

{Cet article répond à une demande sur les réseaux sociaux et à un vif intérêt via sondage.}

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Peu importe la localisation (privé, public …), il existe des acteurs phares pour les diagnostics de TDAH, TSA et dyspraxie qui sont les suivants: psychiatre (TDAH, TSA), ergothérapeute, psychomotricien (dyspraxie), bilan neuropsychologique (TDAH, TSA, dyspraxie) et neurologue (TDAH, dyspraxie). Certains d’entre eux, notamment ergo/psychomot’, ne sont pas remboursés (même si certaines mutuelles prennent en charge une ou deux séances par an). Les bilans neuropsy fait en cabinet ne sont pas remboursés non plus et coûtent chers.

Ainsi, entre la promesse d’un prix élevé et le nombre de personnes à voir, se lancer dans la recherche d’un diagnostic peut paraître effrayant ou démoralisant. Voilà donc un exemple de ce qui peut être fait, avec des frais minimaux.

1- Voir une neurologue pour des troubles de l’attention et de la mémoire (+ autres symptômes physiques pour moi) –> adressage en hôpital de jour avec un test neuropsy ciblé sur la mémoire et l’attention (+ ECG le cas échéant) –> conclusion sur les TDA.

2- Contacter le CRA (ou l’organisme en charge du diagnostic d’autisme dans votre région) par mail –> nom du psychiatre avec lequel prendre RDV (par rapport à votre cas, votre âge) –> première rencontre avec le psychiatre + questionnaire TSA/TDAH/TOC. Adressage à une neuropsychologue pour faire les tests. Là j’ai choisi la voie rapide et donc de payer pour ces tests là. Ce sera la seule dépense pour tous les diagnostics. –> récupération des tests avec conclusion à amener au psychiatre –> diagnostic établi par le psychiatre et lettre.

Ici, j’ai eu mon diagnostic de TSA, celui confirmé de TDAH enfant + suspicion chez l’adulte et confirmation de la dyspraxie.

3- Presque en parallèle du point 2.
Consultation avec un médecin de médecine physique (pas que pour ça à la base)–> adressage en hôpital de jour pour un bilan complet avec ergothérapeute, psychomotricien, kiné, interne –> compte rendu et grosse suspicion de dyspraxie (confirmée définitivement avec les tests neuropsy du point 2) –> adressage en hôpital de jour de neurologie pour des tests neuropsy sur la mémoire (avec le TSA et la dyspraxie dans leur prérequis) –> rendu des résultats par la neurologue qui valide le TDAH adulte (et la dyspraxie et le TSA par la même occasion, vu que ça transparaît aussi).

Ici j’ai donc eu le diagnostic définitif de TDAH.

La durée de tout ça? Presque deux ans.

Le prix? 350 euros, payable en plusieurs fois. Aurait pu être évité si j’avais choisi d’attendre très longtemps pour passer aussi cette batterie en hôpital. Mais je ne regrette pas honnêtement.

Et voilà! J’espère que cela pourra vous aider.

Y a t-il un lien entre l’autisme, le TDAH et le SED?

Il existe des symptômes communs entre TSA et SED/HSD [7]:
– dysphagie
– maladresse
– intolérance alimentaire
– hypermobilité
– défaut de proprioception
– problèmes de sommeil
– etc

Les patients avec un TSA ont beaucoup de comorbidités [6] et seulement 16% d’entre eux sont en bonne santé physique. Toutefois, les comorbidités somatiques sont très peu étudiées chez ce type de patient.

Bien qu’il y ait de plus en plus de recherches montrant que la coexistence des troubles du spectre de l’autisme (TSA) et SED arriveraient plus souvent que ne le voudrait la chance [6], il n’y a pour l’instant aucun lien officiel établi entre les deux. On ne peut pas, à l’heure actuelle, déterminer s’il existe un réel lien de co-morbidité entre les deux [8]. Les études tendent plutôt à renforcer une relation étiologique entre TSA et SED [8].

Une toute nouvelle étude de 2021[76] a souhaité examiner à nouveau l’hypothèse comme quoi les enfants avec un HSD/SEDh ont plus de chance d’être aussi TSA mais aussi TDAH (trouble du déficit de l’attention/hyperactivité) par rapport à la population classique. Ils ont trouvé une forte association entre HSD/SEDh et aussi bien le TSA que le TDAH. Ici, le taux d’enfants HSD/SEDh et TDAH (avec un diagnostic confirmé dans les deux cas) est trois fois supérieur que dans la population normale. Dans le cas du TSA, c’est deux fois supérieur. Il n’y a pas encore d’explication claire quant à ces résultats mais, actuellement, une nouvelle étude est en cours, regroupant TSA, TDAH, hypermobilité, fatigue et douleur. L’équipe propose aussi d’étudier les troubles du sommeil chez ses patients qui sont, semblent-ils, très présents. [76].

Bibliographie

[6] published: 07 December 2018 doi: 10.3389/fpsyt.2018.00656  » Autism, Joint Hypermobility-Related Disorders and Pain » Carolina Baeza-Velasco, David Cohen, Claude Hamonet, Elodie Vlamynck, Lautaro Diaz, Cora Cravero, Emilie Cappe and Vincent Guinchat

[7] Type : Similarities in clinical presentation. Article ·January 2016 « Autism Spectrum Disorders and Ehlers-Danlos Syndrome Hypermobility » Carolina Baeza-Velasco, Amaria Baghdadli

[8] Behav. Sci. 2018, 8, 35; doi:10.3390/bs8030035  » A Cohort Study Comparing Women with Autism Spectrum Disorder with and without Generalized Joint Hypermobility » Emily L. Casanova, Julia L. Sharp, Stephen M. Edelson, Desmond P. Kelly and Manuel F. Casanova

[76] Neuropsychiatric Disease and Treatment 2021:17 379–388 « Prevalence of ADHD and Autism Spectrum Disorder in Children with Hypermobility Spectrum Disorders or Hypermobile Ehlers-Danlos Syndrome: A Retrospective Study » Erik Kindgren et al.